N° 293 - Printemps 2025
- Jeanne Guesdon
- Les pensées, les paroles, les actes, par J. Guesdon
- La reliance sacrée à la nature vue par Hildegarde de Bingen, par M. Brafine
- Le regard, par A. Delière
- Lève-toi, enfant du verseau, par Naturalis
- La sorcellerie, par S. A. Traoré
- Document d’archives de l’A.M.O.R.C. : Lettre de R. M. Lewis à Jeanne Guesdon (1952)
La sorcellerie
par Sy Antoine Traoré
Depuis l’aube des temps, irrésistiblement mus par un désir d’élévation enfoui au plus profond de leur âme, les hommes ont toujours cherché à connaître davantage et à influencer leur environnement afin de mieux maîtriser leur destin. Dans cette perspective, ils ont imaginé plusieurs techniques et expérimenté de nombreux concepts et méthodes, dans le but de générer des conditions conformes à leurs volontés ou de modifier le cours des événements lorsque ceux-ci ne leur semblaient pas favorables. Dans cet ordre d’apparition décroissant apparurent donc le mysticisme, les religions et, malheureusement aussi, la sorcellerie et son corollaire, la magie noire. Le mysticisme, le plus noble de ces concepts, est fondé sur la connaissance et la sage application des lois cosmiques et naturelles dans un but constructif et évolutif, tandis que de son côté, la sorcellerie tente d’utiliser ces mêmes lois, mais très souvent à des fins contraires.
La sorcellerie peut être définie comme l’ensemble des actes visant à manipuler des énergies, des entités ou des forces surnaturelles dans l’intention d’influencer des personnes ou de contrecarrer le cours d’événements jugés indésirables. Dans les faits, un criminel en attente de jugement aura recours à un sorcier pour tenter d’envoûter le juge en charge de l’affaire, afin que le verdict lui soit favorable. De même, une personne pourrait lui demander de l’aider à acquérir un bien, tout en sachant au fond d’elle-même qu’elle ne le mérite pas. Une autre personne le sollicitera pour jeter un sort à un concurrent ou à un rival en vue de l’affaiblir, de le rendre malade ou, à l’extrême, de le tuer.
Les pratiques sorcières existent sur tous les continents avec des approches et des modes opératoires variant d’une culture à l’autre, parfois influencés par des considérations religieuses. Par exemple, dans le vaudou, une religion animiste originaire d’Afrique de l’Ouest, mais que l’on retrouve sous d’autres formes dans les Caraïbes et en Amérique, la frontière entre la voie spirituelle et les rites magico-sorciers est difficile à appréhender. Dans le chamanisme, forme de spiritualité présente en Sibérie, en Asie centrale et en Amérique, le chaman, qui fait office de prêtre, se livre aussi à des rituels spécifiques qui incluent des offrandes sanglantes. En Afrique, la plupart des marabouts et sorciers utilisent des bribes de versets coraniques et font des incantations en langue arabe.
Le degré de croyance en la sorcellerie varie lui aussi selon la région du monde concernée. Ses adeptes sont, sans conteste, beaucoup plus nombreux en Afrique, dans certaines régions d’Asie, d’Amérique latine et d’Océanie qu’en Europe, ou que dans le monde occidental en général, ce qui suggère donc un lien probable entre les superstitions et le niveau de développement économique et industriel.
De nombreux livres et grimoires, quelques-uns plus techniques et mieux structurés et d’autres relevant du simple folklore, ont été écrits pour essayer de valoriser et de vulgariser la sorcellerie et la magie noire, ou simplement pour en expliquer le mode opératoire. Quoi qu’il en soit, pour exercer la sorcellerie, d’où qu’elle provienne, tout comme pour exécuter la plupart des actes courants de la vie, l’homme dispose de trois moyens classiques d’agir, à savoir : la pensée, la parole et l’action.
La sorcellerie par la pensée
Bien qu’elle soit intangible, comparée à la parole et à l’action, la pensée possède les facultés les plus élevées. Son pouvoir créateur est une réalité connue et utilisée, depuis toujours, par les mystiques de diverses traditions. La visualisation, la méditation, la prière et la télépathie en sont les plus courantes applications. Ce sont vraisemblablement ces mêmes techniques que les sorciers essaient de mettre en œuvre lorsqu’ils cherchent à envoûter ou à jeter mentalement un sort à leurs victimes. Ils prétendent ainsi pouvoir créer un malheur rien qu’en le visualisant, ou transmettre par télépathie des pensées déroutantes. Or tout ceci suppose que les ondes négatives émises dans ce but aient la capacité de voyager dans l’espace pour atteindre directement la victime choisie. Mais, comme l’a expliqué Harvey Spencer Lewis, Imperator de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix de 1915 à 1939 : « Tout rayonnement de pensée destructif, discordant, inharmonieux, qu’un individu essaie de projeter de son mental et de sa conscience vers quelqu’un d’autre subit un rejet instantané et se dissout immédiatement. »
Au regard de ce que la Tradition rosicrucienne enseigne sur le sujet, l’émission de pensées négatives dans le but de nuire à autrui est une tentative constamment vouée à l’échec. Cependant, les sorciers limitent rarement leurs intentions au plan mental ; presque toujours, ils les manifestent aussi à travers leur langage.
La sorcellerie par la parole
La parole est le moyen d’expression le plus utilisé par l’homme pour traduire ses pensées et communiquer avec ses congénères. De par sa nature vibratoire, elle est objectivement perceptible au moyen de l’ouïe. La plupart des Traditions lui accordent une attention particulière en raison de ses vertus. Les Rosicruciens, notamment, connaissent le pouvoir des sons vocaux et les utilisent à la fois pour contribuer au bien et s’opposer au mal. Les Orientaux, pour l’essentiel de la pratique, font des mantras un moyen d’acquisition, une expression de la dévotion et même une voie de réalisation. Les religions ne sont pas en reste, comme en témoigne le fameux verset de l’évangile qui attribue la création entière au Verbe. Tout ceci illustre un usage intrinsèquement constructif et sacré de la parole, mais les sorciers n’en font pas de même pour autant. Ils l’utilisent, au contraire, pour proférer des incantations et formuler des sortilèges. Ils s’en servent également pour diffuser les mots qu’ils considèrent magiques et dominateurs, devant contraindre les esprits à concrétiser les maléfices à l’encontre des victimes choisies ou désignées.
Il est facile d’imaginer que de telles paroles, composées le plus souvent de sons inouïs et étranges, perturbent une personne trop sensible et non avertie, surtout lorsqu’elles sont prononcées à travers une mise en scène soigneusement orchestrée. Les incantations et autres formules incongrues sont, dans ce contexte, susceptibles d’incommoder et d’induire de puissantes émotions négatives comme la crainte, la peur et même le doute. Ces états émotionnels peuvent inhiber la capacité de raisonnement, affaiblir le sens critique et créer ainsi ce que les psychologues appellent un « biais de négativité », condition dans laquelle une personne devient excessivement réceptive aux informations négatives ou menaçantes. Dans la majorité des cas, les sorciers ne s’en tiennent pas seulement à la parole pour assouvir leurs sombres desseins ; ils y joignent généralement l’acte.
La sorcellerie par l’action
Dans les pratiques mystiques ou religieuses, les rituels constituent un excellent support, car ils permettent de créer des conditions propices à l’introspection, à la méditation et surtout à l’initiation. Leur application exige tout de même un minimum de prérequis. Tout d’abord, il est indispensable de disposer d’un lieu approprié avec un décor particulier. Ensuite, il convient de maîtriser les faits, les gestes et les postures qui doivent être exécutés selon un code prédéfini dont le symbolisme est en relation avec les objectifs du rituel.
La majorité des sorciers recourent aussi à des cérémonies rituelles, au point d’en faire le socle de leurs activités de nuisance. Même si certaines de ces cérémonies nécessitent une mise en œuvre extérieure, en ville, au bord d’un étang ou dans les bois, la plupart s’exécutent habituellement dans une pièce dédiée ou dans un coin de la maison. Quel que soit le lieu choisi, il faut également des équipements et des matières premières. D’une part, il peut s’agir d’accessoires, de vêtements ou d’échantillons biologiques tels que des brins d’ongles ou de poils, etc., provenant de la personne visée. D’autre part, on peut dénombrer pêle-mêle des objets fabriqués avec de la pierre, du bois, ou avec de la peau, des organes et des ossements d’animaux divers.
Malheureusement, il existe également des « recettes » de sorcellerie élaborées avec des substances d’origine humaine qui ne proviennent pas de la personne visée par le maléfice. En fonction du symbolisme et des pouvoirs qui leur sont attribués, ces substances peuvent être des fluides, des sécrétions, de la pilosité, des parties ou des organes prélevés sur des vivants ou sur des cadavres. Inévitablement, dans bien des cas, cela entraîne des sacrifices d’innocentes victimes humaines, notamment des enfants ou des minorités comme les albinos, particulièrement ciblés lors des crimes rituels. Il y a des régions en Afrique où ces phénomènes s’intensifient à l’approche des élections, d’autant plus que beaucoup de candidats y ont recours dans le but de gagner.
Ayant réuni les éléments ci-dessus mentionnés, le sorcier s’attelle à la confection des supports tels que les fétiches, les talismans, les philtres et les gris-gris divers. Il procède alors à l’assemblage des ingrédients en sa possession, parmi lesquels certains ont été obtenus par la transformation des matières de base. À cet effet, la crémation et la dilution sont les procédés couramment utilisés. Par exemple, pour fabriquer un philtre ou une potion, le marabout-sorcier fera dissoudre des versets de coran préalablement inscrits sur une tablette de bois. Il pourra également faire brûler, pour en récupérer les cendres, un morceau de papier ou de cuir sur lequel il aura déjà écrit ces mêmes versets. Des témoignages font état du remplacement, dans les cas extrêmes, de l’eau pour la dilution et de l’encre pour l’écriture, par les liquides corporels évoqués plus haut. L’ensemble du processus de confectionnement a lieu parfois au cours de rituels de nature spirite faisant appel aux âmes des morts, voire aux démons.
Le support ainsi fabriqué est conservé par le sorcier, ou remis au commanditaire qui devra le porter sur lui-même ou le déposer dans un lieu déterminé qui peut être un endroit fréquenté par la victime. À la suite de cela, le sorcier impose un certain nombre d’interdits, dont la violation, selon lui, amoindrirait l’efficacité du “travail” ou entraînerait son échec. En la matière, on assiste à toutes sortes de prohibitions. Cela va de la simple interdiction de consommer tel ou tel autre aliment, de se laver pendant une période déterminée, à, plus spécifiquement pour les hommes, l’interdiction d’uriner en position debout ou tout simplement de serrer la main d’une femme en période de menstruations. À l’instar de cette dernière, bon nombre de proscriptions sont si difficiles à respecter au point que, convaincu du fait, le sorcier évoque leur transgression comme prétexte pour justifier a posteriori ses déboires.
Les conséquences de la sorcellerie
Les individus s’adonnant à la sorcellerie en général agissent incontestablement dans un but destructif et contre-évolutif, ce qui les expose à un karma négatif, singulièrement rude pour ceux impliqués dans des rites sacrificiels. Ces derniers devront en effet faire face à un double karma. Le premier s’imposant à tous ceux qui, magiciens ou non, se livrent à des mutilations et à des sacrifices d’êtres vivants. Car ces agissements vont à l’encontre du processus d’évolution de l’Âme universelle qui, précisément dans ce but, se sert du monde matériel et en particulier du règne vivant. Par conséquent, toute atteinte abusive à une quelconque forme de vie conduit à la perte d’un support utile audit processus. Cela est condamnable et implique nécessairement pour son auteur des épreuves karmiques dont la rigueur sera proportionnelle à l’importance de la perte. Comme l’a si bien dit Pythagore : « Tant que les hommes massacreront les animaux, ils s’entretueront. Celui qui sème le meurtre et la douleur ne peut récolter la joie et l’amour. » Quant au second karma, il est commun à tous les sorciers et résulte de la simple intention de nuire à autrui. Les formes-pensées qui en résultent sont puissamment renvoyées dans la conscience de leurs auteurs, comme le précise fort justement Harvey Spencer Lewis. On peut aisément comprendre qu’à force de s’y accumuler, elles vont durablement et profondément imprégner leur subconscient et finalement les guider vers les malheurs qu’ils prévoyaient pour leurs victimes.
Au-delà de leurs karmas, les sorciers, à travers leurs pensées, leurs paroles, leurs actions et les rituels associés, mettent en mouvement des énergies qui, en se cristallisant, forment des égrégores. Les Rosicruciens savent très bien que tous les objets et les lieux d’habitation s’imprègnent graduellement des vibrations émises par les personnes qui les possèdent ou qui y vivent. En vertu de cette forme de mémoire inhérente à la matière, tous les produits et accessoires émanant de la sorcellerie constituent, à divers degrés, des points focaux pour ces égrégores négatifs. Bien que pouvant être, en fonction du degré de négativité, de grande amplitude, ils sont par nature toujours de basse fréquence, donc intimement liés au bas-astral qui leur demeure à jamais infranchissable.
De ce qui précède, il faut comprendre que la sorcellerie n’influence directement que ceux et celles qui s’y adonnent, en la pratiquant personnellement ou en y ayant recours à l’encontre d’autrui. Cependant, même sans être adepte de la magie noire, lorsqu’un individu faible d’esprit est informé qu’il est fait l’objet d’attaques occultes, avérées ou non, il va s’autosuggestionner par le « biais de négativité ». Sous l’effet de la peur ou de la crainte, il va conditionner son mental, et c’est en cela que réside le pouvoir supposé de la sorcellerie : l’empoisonnement mental créé et renforcé par des pensées et des états émotionnels très négatifs. D’une part, compte tenu de l’interaction constante entre les pensées et les émotions, nos pensées négatives engendrent des émotions de nature identique, et vice-versa, contribuant ainsi à amplifier notre empoisonnement mental. D’autre part, cet état mental entraîne un déséquilibre de la Force vitale ayant pour conséquence l’abaissement de la fréquence vibratoire de notre être. Lorsqu’une telle situation perdure, elle conduit inévitablement à une rupture d’harmonie entre nos fonctions physiques, psychiques et spirituelles, laquelle rupture est la cause majeure de la survenue de troubles physiologiques et psychologiques divers, n’ayant effectivement rien à voir avec l’action d’un quelconque sorcier.
Quoi qu’il en soit, à la suite de l’empoisonnement mental, l’individu concerné est enclin à attribuer n’importe quel aléa de la vie à un envoûtement ou à un mauvais sort. Or, nous savons tous qu’en l’état actuel de la condition humaine, outre les troubles auxquels nous venons de nous référer, nul ne peut vivre sans connaître des épreuves, quelques fois pénibles, très souvent liées au karma, mais toujours destinées à parfaire notre évolution. Aussi, des épreuves qui n’ont absolument aucun lien avec une hypothétique sorcellerie peuvent survenir, précisément au moment où l’on se croit envoûté, donnant ainsi lieu à un malheureux concours de circonstances qui contribuera, comme un « biais de confirmation », à renforcer la croyance en la sorcellerie.
Il faut par ailleurs reconnaître que la sorcellerie ne se limite pas à la magie noire, c’est-à-dire à des pratiques ayant uniquement pour but de nuire. Ses adeptes y ont recours parfois pour tenter d’améliorer leur situation financière, sociale ou autre. Dans le même ordre d’idées que précédemment, il arrive qu’une personne ayant fait appel à un sorcier obtienne effectivement un bien ou une promotion. En dehors de la conséquence d’un bon karma antérieur, cette coïncidence peut être le fruit d’une forte conviction qui a développé en la personne une confiance lui ayant permis de se surpasser pour donner le meilleur d’elle-même afin de parvenir au résultat escompté. Bien souvent, dans ces cas, la confiance développée est catalysée psychologiquement par le port ou la simple possession d’un talisman, d’une amulette ou d’autres gris-gris issus du “travail” sorcier.
Étant limités au bas-astral, les rayonnements des égrégores négatifs sont incapables de pénétrer les plans cosmiques supérieurs et d’exercer une influence conforme aux intentions qui ont présidé à leur création. Partant de cette réalité, quoi que l’on puisse penser du bas-astral, son utilité ici est évidente puisqu’il permet de stocker, comme une « poubelle », les forces négatives que les hommes dans leur folie ne cessent de mettre en mouvement, notamment par le biais de la magie noire et de la sorcellerie. Pour autant, les lois cosmiques n’empêchent pas ceux qui s’harmonisent consciemment ou non avec ce plan de le faire. Autrement dit, si le Cosmique garde hermétiquement clos le couvercle de la poubelle, empêchant l’épanchement des déchets, Il ne s’oppose nullement au libre arbitre de ceux qui décident d’aller y fouiner. Or, comme cela est expliqué dans l’A.M.O.R.C., outre les diverses formes-pensées négatives, le bas-astral regorge d’âmes peu évoluées et animées du désir de nuire et de tromper. L’influence qu’elles exercent sur les personnes qui les contactent peut leur causer des troubles psychiques ou psychologiques graves.
Que ce soit volontaire ou non, tout contact avec le bas-astral expose potentiellement son auteur aux influences qui y siègent. C’est particulièrement le cas lorsqu’un individu exerce la sorcellerie. Non seulement il est sujet à ces troubles mentionnés précédemment, mais aussi il constitue un canal privilégié pour la manifestation du mal. Finalement, c’est par son comportement que les idées et intentions malsaines prennent corps dans le monde matériel, à travers des paroles et des actions agressives et violentes. C’est pourquoi, bien souvent, après avoir effectué leur “travail” magique, et influencés par les égrégores générés, les sorciers s’attellent à le concrétiser matériellement, par un empoisonnement, une agression ou toute autre forme de coercition corporelle.
Quelles que soient l’origine et les formes d’agressions matérielles, d’énergies négatives et de mauvaises ambiances auxquelles nous pourrions être exposés, l’A.M.O.R.C. indique comment procéder pour se prémunir efficacement contre elles. Plus généralement, un Rosicrucien digne de ce nom est forcément sous l’influence de l’égrégore de l’Ordre qui constitue un excellent bouclier d’une part, et d’autre part une source permanente inspirant des idéaux d’amour, de paix et de spiritualité. Ses membres n’ont donc absolument rien à craindre des basses manœuvres qui pourraient être entreprises à leur encontre.
Avant de clore, il importe de préciser que pour éviter de tomber dans le piège de l’empoisonnement mental que peuvent susciter les pratiques sorcières, il suffit tout simplement de les ignorer, comme le disait Épictète : « Si un corbeau pousse un cri de mauvais augure, ne te laisse pas entraîner par ton imagination : définis ce dont il s’agit et dis-toi : Rien de ce qui est annoncé-là ne me concerne. » Il faut de même éviter autant que possible tout contact, de quelque nature que ce soit, avec les êtres et les choses qui ont pu en être imprégnés. Cela est relativement facile dans les contrées où la sorcellerie est très peu ou pas du tout utilisée. Cependant, en Afrique surtout, il y a des Rosicruciens auxquels les dépositaires des traditions familiales ou claniques proposent de se soumettre à des rituels ou d’effectuer des sacrifices censés perpétuer une coutume ancienne, visant à les protéger ou à les assister dans différents aspects de la vie quotidienne.
En adhérant à de telles propositions, par le financement ou par une participation effective, qui ont l’un et l’autre valeur d’initiation, les membres concernés se mettent en harmonie, même inconsciemment, avec l’égrégore associé au rituel ou au sacrifice proposés. Toutefois, comme précédemment exposé et sans vouloir porter de jugement sur certains aspects des traditions africaines, cette conduite comporte des risques, dont le plus évident est le partage du karma lié au sacrifice d’êtres vivants. Malgré le caractère inoffensif et souvent obligatoire attribué à ces rites, notre fidélité et notre loyauté à l’égard de l’Ordre commandent de ne point y souscrire, d’autant plus que cela ne conduit bien souvent qu’à des conséquences néfastes.
Par-dessus tout, il importe d’adopter en toute circonstance une attitude mentale confiante en considérant que, n’étant soumis à aucune limitation, le « simple » pouvoir de la pensée positive est infiniment plus grand et plus efficace au service du bien que tout autre phénomène, aussi complexe et occulte qu’il soit, en faveur du mal ou même prétendument en faveur du bien. À titre de comparaison, la lumière est infiniment plus puissante que les ténèbres. Malheureusement, une telle attitude s’avère quelque peu difficile à observer dans bien des pays en raison du contexte social dominé par de fortes croyances culturelles teintées de superstitions et par la propagande de certaines religions qui font de la sorcellerie une réalité à combattre. Cependant, on peut y parvenir si l’on s’efforce à faire siens les préceptes philosophiques des plus grands sages.