Les cercles scientifiques ne reconnaissent que deux états dans notre existence relative : l’énergie et la masse. Ces deux états sont bien faciles à reconnaître car ce sont des états extérieurs d’existence. Ils peuvent être prouvés par l’usage des cinq sens et par l’instrumentation développée par l’homme. De plus, grâce au génie d’Einstein, l’interrelation entre l’énergie et la masse a été clairement établie.
Dépassant l’appréciation des cinq sens, dépassant les possibilités de mesure des instruments technologiques de l’homme, il existe un autre état d’existence non reconnu par la science et qui est le troisième état et le soutien final de cette existence relative. Ce n’est pas autre chose que notre plus proche compagne : la pensée.
La pensée — l’état intérieur subtil qui ne peut être prouvé par l’usage des cinq sens parce qu’il est au-delà des limitations de ces sens. La pensée — le processus et l’intention que les instruments des hommes n’ont pas été assez subtils pour saisir pleinement. Et, ce qui est encore plus important, la pensée est le moyen de prouver que l’énergie et la masse existent. Elle demeure sublime parce que la tendance de l’homme est de se perdre dans la pensée et non pas de l’analyser objectivement.
Des physiciens tels que Newton et Einstein peuvent procurer une connaissance des états extérieurs d’existence, l’énergie et la masse. Cependant, nous devons nous tourner vers les mystiques pour obtenir une connaissance de l’état intérieur subtil connu comme la pensée.
La pensée va de l’avant
L’avatar Krishna disait : « De ma pensée sortent les Sept Sages, les Quatre Anciens et enfin les Manus ; ainsi je donne naissance à ceux qui ont engendré tous les enfants de la terre. » C’est pourquoi, si cet Homme-Dieu disait la vérité, la pensée est la cause première de la création et le support de l’énergie et de la masse. L’affirmation de Krishna est justifiée par les vies, les idées et la philosophie des mystiques et des avatars mystiques.
Tout au long de l’histoire, dans les anciennes légendes et la théologie, les états de l’énergie et de la masse ont été considérés traditionnellement comme étant soumis au contrôle, au commandement des avatars mystiques. Il nous est rapporté que le Christ marchait sur les eaux, Krishna tenait une montagne sur son doigt et Josué arrêtait le Soleil. Patanjali, un saint Indien, dans ses aphorismes du Yoga, explique que tous ces faits miraculeux furent accomplis par le mécanisme de la concentration de pensée.
Il est difficile, pour l’individu ordinaire et non instruit des enseignements des mystiques, de saisir la signification du pouvoir de la pensée parce que ses propres pensées sont limitées. Son pouvoir de pensée pourrait être comparé à celui de l’énergie libérée dans une réaction chimique simple. Dans une telle réaction, bien que la masse soit convertie en énergie, la conversion est si minime qu’elle ne peut pas être mesurée. Au contraire, la pensée du mystique est comme l’énergie libérée dans une explosion nucléaire. Là, la conversion de la masse en énergie est mesurable, montrant ainsi une relation de l’énergie avec la masse. De même, en observant le pouvoir de la pensée d’un mystique, une relation de pensée à énergie et masse peut être reconnue.
On pourrait arguer que ces exploits miraculeux sont des mythes et non pas des faits. Cependant, de tels exploits furent accomplis par des individus dont les noms ont survécu à l’épreuve du temps, grâce à leur indubitable honnêteté et à leur compassion pour toute la création. Les vrais mystiques sont complètement en harmonie avec leurs actions, et leur leitmotiv tout au long de l’histoire a été que la Vérité est la seule force qui rende l’homme libre ! Il devient évident, en étudiant les vies et les œuvres des grands mystiques, que l’énergie et la masse ont leur base dans la pensée.
La pensée est l’état de commencement subtil de cette existence relative. En allant de l’état subtil à l’état grossier, l’énergie représente l’état intermédiaire et la masse l’état final. Même ainsi, ces trois états sont reliés entre eux et, en essence, notre existence relative est une, non pas triple. Tout comme la molécule H20 est H20, qu’elle soit sous forme de vapeur, d’eau ou de glace, notre existence relative est encore une qu’elle soit pensée, énergie ou masse. À des fins de visualisation, on pourrait considérer la pensée comme une vapeur, l’énergie comme une pensée condensée, et la masse comme de l’énergie gelée.
Ayant posé la pierre angulaire de notre existence relative, examinons chaque état : masse, énergie, pensée, individuellement. Examinons également le parallélisme de leurs qualités individuelles. Comme l’existence relative est décrite dans trois états, de même les états sont subdivisés en trois qualités majeures. La masse existe en tant que solide, liquide et vapeur ; l’énergie en tant que potentielle, kinétique et rayonnante ; et la pensée en tant que raison, émotion, intuition. La Table I illustre les qualités de chaque état et de quelle manière il est parallèle à un autre.
Subtile… mais puissante !
Dans les qualités parallèles, comme dans les états d’existence, on voit que plus la forme est subtile, plus puissante est la manifestation. Par exemple, l’intuition est plus puissante que la radiation qui, à son tour, est plus puissante que la vapeur. De plus, plus la forme est subtile, plus rapidement elle se meut. Les molécules d’une vapeur sont rapides, mais elles ne sont pas aussi rapides que les quanta de la radiation qui à leur tour n’approchent pas de la vitesse presque instantanée des « Shyama », mot inventé pour désigner la substance qui constitue la pensée intuitive. L’intuition est la plus puissante qualité dans les trois états d’existence. Elle est définie comme la connaissance directe, sans preuve, de la pensée et de la déduction rationnelles.
Après avoir postulé que la pensée était le troisième état de notre existence relative, la relation qui unit l’énergie et la masse est-elle définissable ? Puisque la pensée est l’état le plus subtil et que l’énergie vient ensuite, il est logique de s’attendre à une relation entre ces deux états. En ayant établi que la relation entre l’énergie et la masse s’énonce selon la relation établie par Einstein et acceptée E = MC².
À partir des enseignements des mystiques, il est clair que l’intensité de la pensée intuitive est impliquée. C’est pourquoi les paramètres associant la pensée à l’énergie sont postulés être :
1) la pensée elle-même
2) l’intensité de l’intention. Grâce à l’analyse dimensionnelle, des relations furent établies et les unités de pensée furent développées et analysées.
En employant cette technique, la relation entre la pensée et l’énergie devient évidente.
Les unités pour la pensée sont très logiques : une image à deux dimensions maintenue sur une période de temps. Cela prend une orientation à trois dimensions quand apparaît plus d’un point. Une analogie nous est fournie par la vue. Par la vision d’un œil, il n’y a pas de perception de profondeur ; mais par la vision des deux yeux se produit un effet de triangulation procurant une perception de profondeur, c’est la troisième dimension. Considérons maintenant la totalité de la pensée projetée lorsque celle-ci est synchronisée avec la pensée de la création tout entière, celle qui pénètre chaque atome de masse et chaque quantum d’énergie créé. La seule différence étant davantage un point de perspective et de champ de vision.
Ayant présenté la pensée comme la cause et le soutien de l’énergie et de la masse, la question suivante est celle-ci : d’où vient la pensée ? J’ai abordé cette question tout au début de cet article, mais qu’il me soit permis maintenant de l’examiner avec plus de détails.
La pensée qui créa et qui maintient cet univers vient de Dieu — du Cosmique. Dieu est l’Existence Absolue — l’existence qui ne change jamais — qui est la cause, la racine et le soutien de l’existence relative en perpétuel changement. De plus, il est l’Unique Conscience-Connaissance Pure. ¬Pure dans ce cas signifie : en Soi. Il n’y a qu’une seule Conscience qui brille à travers toute la création, mais, ce faisant, elle pro¬jette l’illusion d’une multiplicité de conscience.
A titre d’exemple, considérons la conscience comme la lumière passant à travers un prisme
Même si c’est la même conscience que la lumière réfracte à travers un intermédiaire (le prisme), elle se sépare en différentes couleurs. Si la conscience dans les cou¬leurs particulières projetées regarde seulement vers l’extérieur, elle se voit comme différentes des autres couleurs et revêt donc une individualité. Il en résulte l’illusion qu’il y a plus d’une seule conscience projetée.
L’existence relative, ayant sa base dans la pensée, n’est pas aussi abstraite si nous examinons l’une de nos propres expériences personnelles. La plupart d’entre nous rêvent et, qu’est-ce qu’un rêve sinon l’invocation d’une pensée ? En rêvant nous pouvons expérimenter toutes les perceptions des cinq sens. Bien souvent il nous est impossible, alors que nous sommes dans l’état de rêve, de faire la différence entre le rêve et la réalité physique. Le rêve n’est nié que lors¬que nous sommes éveillés.
Permettez-moi d’illustrer ceci sur une grande échelle. On demanda à Bouddha : « qu’êtes-vous ? » Il répondit : « Je suis éveillé ! » Tout comme nous nous éveillons d’un rêve, l’étudiant sur le sentier, le chercheur mystique s’éveille du rêve physique et des états de profond sommeil, à la conscience de sa vraie nature personnelle qui est une conscience pure unifiée : la Conscience cosmique.
Alors que la conscience brille au travers des plus hautes formes de vie, elle devient de plus en plus consciente d’elle-même. Alors, à l’apex de la création, la conscience de l’homme mystique se tourne vers l’intérieur par la technique de méditation et devient complètement consciente. Le mystique atteint le summum bonum de la vie qui est la réalisation qu’il ne fait qu’un avec toute la création. Cette sagesse suscite l’affirmation mystique « Ce que vous faites au plus petit de ceux-ci, c’est à moi que vous le faites ».
L’inclusion de la pensée comme un état de commencement de l’existence relative fournit au savant une solution à ses analyses de l’énergie et de la masse qui tournent en rond. De plus, elle ouvre la voie à la compréhension de l’infinité, du temps, des phénomènes psychiques et de beaucoup d’autres choses encore inexpliquées pour le non-initié. La quête de la science pure est celle de la vérité, et Dieu est Vérité. C’est pourquoi la science de l’homme et Dieu sont parfaitement compatibles — c’est un sentier conduisant à la destination ultime ! La raison pour laquelle cette compatibilité n’a pas été reconnue c’est qu’aucun pont ne pouvait être trouvé entre la science et Dieu. La pensée pourrait être ce pont.
Par R.A Ashworth, extrait de la Revue Rose-Croix n°139 – Automne 1986